2021-05-06 Conseil Consultatif
Le 6 mai 2021, le Conseil Consultatif du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires Sociales réunissait les experts pour discuter le prolongement de l’état d’urgence, en particulier. À cette occasion, le ministre de la Santé leur a demandé de revoir les restrictions aux frontières, et de commencer à prévoir ce qu’il faudra faire en cas de forte croissance de la souche indienne.
Dr. Wakita
Aujourd’hui encore, nous avons tenu la 33ᵉ réunion du Conseil Consultatif et nous souhaitons faire un compte rendu.
Je commence par une explication. Les documents sont nombreux cette fois et les explications vont donc durer un peu plus longtemps.
Situation infectieuse
Le nombre total de nouveaux cas est de 128 / 100 000 habitants pour la semaine la plus récente. Depuis mi-avril, ce n’est plus seulement à Osaka, mais dans tout le pays que l’on trouve des cas graves parmi les personnes de la 20aine à la 50aine est plus importante. Osaka et Tokyo nous ont aussi annoncé des informations sur ce point, et nous avons pu le vérifier. En comparaison avec ce que nous appelons la troisième vague, le pourcentage de cas grave est plus important pour des générations plus jeunes.
La répartition des cas par tranche d’âge montre une augmentation du nombre d’infections parmi les personnes de moins de 20 ans. C’est une caractéristique récente.
En revanche, avec la Golden Week, le nombre de consultations médicales et de tests de dépistage a baissé. De plus, bien que le nombre de nouveaux cas dans chaque région augmente, les rapports ont pris du retard.
Une fois que l’on passera la période de congés, il faudra attendre six semaines pour en savoir plus sur les déplacements des gens. Il faut considérer que les données de ce jour sont relatives aux congés.
Situation infectieuse par région
Je continue sur la situation infectieuse dans chaque région.
Région du Kansai
Je commence avec la région du Kansai. La situation continue à être extrêmement difficile pour le système de fourniture de soins médicaux et pour les services sanitaires, notamment à Osaka et dans la préfecture de Hyogo. On enregistre plusieurs cas de difficultés à envoyer les patients vers un service d’urgences. Il est nécessaire de continuer à limiter l’accès aux soins médicaux qui ne concernent pas la COVID.
Il faut aussi déplorer quelques difficultés pour faire hospitaliser les patients en observation à la maison ou dans un établissement d’hébergement, lorsque leurs symptômes s’aggravent.
Pour garantir un système qui puisse protéger le système médical et pour que celui-ci puisse fonctionner, il faut en tout cas faire baisser le nombre de nouveaux cas.
Dans le Kansai, à savoir Osaka, Hyogo, Kyoto et Nara, le nombre de nouveaux cas d’infection est élevé dans toutes les tranches d’âge. Le niveau infectieux est plus particulièrement élevé pour les gens dans la 20aine et la 30aine.
Aujourd’hui, cela fera 10 jours que les mesures d’état d’urgence sont en place pour Osaka. Le niveau infectieux a évalué entre cette semaine et la semaine dernière. On peut observer une tendance vers une diminution du nombre de nouveaux cas, mais il reste quand même de 79 cas pour 100 000 habitants, ce qui est particulièrement élevé.
À Osaka, les flux de population dans la journée et le soir avaient diminué un peu avant la déclaration de l’état d’urgence puis beaucoup baissé après son annonce. Ils sont passés en dessous des niveaux qui atteints pendant la toute première déclaration de l’état d’urgence. Néanmoins, le nombre de reproductions effectives (nombre de personnes qu’une personne infectée infectera) est de 0,94 pour Osaka, Kyoto et Hyogo. Dans le futur, on devrait donc pouvoir s’attendre à une baisse du nombre de nouveaux cas. Néanmoins, comme il y a eu des fermetures de cliniques et il y a l’effet des congés de la Golden Week, nous supposons que plutôt qu’une diminution, il s’agira d’une progression horizontale.
En conséquence, les discussions mentionnent qu’il convient de surveiller les niveaux infectieux au moins jusqu’à mi-mai.
Région de la capitale
Il y a 3 semaines, Tokyo initiait des mesures de prévention des pandémies et autres mesures prioritaires. Cela fait 10 jours que la capitale a mis en place les mesures d’état d’urgence. La propagation aux personnes dans la 20aine et la 30aine mais aussi à l’ensemble des tranches d’âge continue. Cela représente environ 40 cas par 100 000 habitants.
On peut observer une tendance à la diminution du nombre de nouveaux cas entre la semaine dernière et cette semaine. Néanmoins, le taux de progression dépasse 1 depuis plus d’un mois. Le virus progresse dans chaque région, en particulier pour les zones urbaines.
Les flux de personnes de nuit et de jour ont largement diminué depuis la déclaration de l’état d’urgence. Cette baisse tombe sous le niveau le plus bas en comparaison avec la deuxième déclaration de l’état d’urgence. En particulier, les flux de population ont largement baissé entre 18:00 et 20:00 depuis que l’on demande d’éviter la consommation d’alcool.
Pendant la Golden Week, les flux de population ont bien diminué, mais le nombre de reproductions effectives ne descend pas en dessous de 1. Lors des discussions il a donc été pointé qu’il faut par conséquent s’attendre à une augmentation du nombre de nouveaux cas après la Golden Week. On observe une croissance du nombre de personnes en observation à domicile, dans des établissements d’hébergement et dans des hôpitaux. L’augmentation des tensions sur le système de fourniture de soins médicaux est préoccupante.
Saitama, Kanagawa et Chiba
Pour les trois préfectures qui entourent Tokyo, à savoir Saitama, Kanagawa et Chiba, cela fait deux semaines que les mesures de prévention des pandémies et autres mesures prioritaires sont en place. Le nombre de nouveaux cas y progresse à l’horizontale ou augmente légèrement.
Les flux de population dans la journée et dans la soirée ont tendance à diminuer. Depuis que l’on a demandé de suspendre le service d’alcool, les flux de population après 18:00 continuent à diminuer.
Le nombre de reproductions effectives tourne autour de 1. Il est donc pointé que la progression du nombre de nouveaux cas pourrait être horizontale.
Chûkyô (Aichi, Gifu, Mie)
Cela fait deux semaines que la préfecture a mis en place les mesures de prévention des pandémies et autres mesures prioritaires. Il y a toujours une augmentation du nombre de nouveaux cas dans toutes les tranches d’âge, et particulièrement parmi les gens dans la 20aine et la 30aine. À Nagoya, le nombre de nouveaux cas augmente pour presque toutes les générations, mais surtout celles de la 30aine à la 50aine.
Depuis que l’on a déclaré l’état d’urgence à Tokyo et dans le Kansai, Les flux de population ont brusquement diminué dans les préfectures d’Aichi, aussi bien le soir que dans la journée. Les flux du soir se rapproche de la plus forte baisse pendant la deuxième déclaration de l’état d’urgence. Néanmoins, même dans la préfecture d’Aichi, le nombre de reproductions effectives continue à dépasser 1. On pointe donc qu’il pourrait y avoir une reprise du nombre de cas après la Golden Week.
Autres régions
Fukuoka
Nous avons beaucoup débattu sur la question de la préfecture de Fukuoka. Le nombre de nouveaux cas depuis mi-avril augmente très rapidement en particulier parmi les personnes dans la 20aine et la 30aine. Il faut compter 47 cas par 100 000 habitants. Le nombre d’aggravations des cas augmente aussi fortement. Le taux de positivité a augmenté pendant la Golden Week. Il est préoccupant de voir que le virus s’y propage.
La semaine dernière, le nombre de nouveaux cas a atteint des nouveaux records. Autour de ces dates, les flux de population pendant la journée et le soir ont un peu diminué, mais n’arrivent pas sous les niveaux de la deuxième déclaration de l’état d’urgence. Le nombre de reproductions effectives est de 1,35. C’est un niveau élevé. Il faut donc pointer qu’il y a un risque d’augmentation brutale du nombre de nouveaux cas dans le futur. Il se pourrait que la propagation ait lieu de la même manière que ce que le Kansai a connu. Aussi, nous pensons qu’il faut agir rapidement.
Ensuite, la propagation dans la préfecture de Fukuoka serait source de propagation à l’ensemble du Kyushu.
Hokkaido
Le nombre de nouveaux cas augmente essentiellement à Sapporo. Ils représentent environ 57 personnes par 100 000 habitants. Il s’agit d’un niveau particulièrement élevé. Le nombre de cas en dessous de la 50aine augmente particulièrement et les cas s’aggravent particulièrement parmi les patients qui ont la 40aine. Le nombre d’hospitalisations dépasse la troisième vague infectieuse. Le taux d’occupation des lits d’hôpitaux dépasse 80%, et certains cas ont dû être transportés en dehors de la préfecture. De même, le nombre de reproductions effectives est particulièrement élevé à 1,41. Il faut s’attendre à ce que le nombre de cas progresse fortement dans le futur.
Fukushima, Gunma, Ishikawa, Okayama, Hiroshima, Tokushima, Kagawa
Pour Fukushima, Gunma, Ishikawa, Okayama, Hiroshima, Tokushima et Kagawa, le nombre de nouveaux cas dépasse 15. En particulier pour Gunma, Okayama et Tokushima, le nombre de nouveaux cas est respectivement de 25, 33 et 27. Il s’agit de niveau infectieux élevé. À Gunma, le nombre de reproductions effectives atteint 1,42. Ce nombre est élevé et est calculé par le Pr. Nishimura. Selon les simulation du Pr. Suzuki, il est de 1,19. Il faut donc continuer à s’attendre à une progression forte dans le futur.
Analyse concernant les souches mutantes
La proportion de « variant of concern » (VOC) dépasse 80% dans le Kansai. Il s’agit d’un niveau élevé. Dans le futur, on peut s’attendre à ce que cela concerne tous les cas. À Tokyo, il est de 60%, et dans la préfecture d’Aichi, de 70%. Les souches mutantes progressent aussi dans d’autres régions.
Dans la situation actuelle, on ne peut identifier une progression plus spécifique à une tranche d’âge. Il n’est pas possible de dire que les enfants sont plus touchés.
N501Y
Ensuite, N501Y, qui est la souche britannique, et en comparaison avec la souche d’origine, entraîne un risque plus important d’aggravation des symptômes des personnes de moins de 50 ans. Il faut continuer à suivre cela dans le futur.
Il est nécessaire de préparer le système de soins médicaux en prévision d’une augmentation du nombre de cas graves liés à la souche N501Y.
Mesures nécessaires
Aujourd’hui, cela fait 10 jours environ que la déclaration de l’état d’urgence a pris effet. On peut observer une baisse des flux de population durant la nuit et dans la journée pour toutes les préfectures qui ont mis en place les mesures d’état d’urgence. On constate également une diminution des nombre de cas d’une semaine à l’autre.
Toutefois, à Tokyo, la tendance à l’augmentation du nombre de cas continue. De même, pour les trois autres préfectures de Kanagawa, Saitama et Chiba, on constate une courbe horizontale ou qui augmente légèrement.
Dans le Kansai, bien qu’il y ait une courbe horizontale ou qui tend à baisser, le système médical est en crise.
Cette fois, les variants VOC se propagent plus, et il faut reconnaitre que les mesures de prévention des pandémies et autres mesures prioritaires ont eu un effet de limitation. Aussi, nous pensons qu’il sera de nouveau nécessaire d’appliquer des mesures fortes après la Golden Week.
Pour Fukuoka, Hokkaido, etc., le nombre de nouveaux cas est élevé et dans certaines régions, leur croissance est soudaine et rapide. Dans ces régions, le système de fourniture de soins médicaux a déjà tendance à être sous tensions. Il est nécessaire de prendre sans hésitations des mesures pour contenir le virus.
Quand implémenter des mesures de lutte contre les souches mutantes et quels mesures
Il est nécessaire de réfléchir à quel timing implémenter des mesures de lutte contre les souches mutantes et au contenu. Cette décision doit se baser sur les résultats des mesures appliquées dans toutes les régions, y compris Osaka et Tokyo, etc.
Masques, « Trois F » (3Cs) et variants
Les masques sont un outil de base essentiel pour la prévention des épidémies. Il convient de diffuser de nouveau cette information. En même temps, il est nécessaire d’expliquer les différentes caractéristiques des matériaux des masques non-tissés 不織布 (masques recommandés par les experts).
Jusqu’à présent, on parlait des « Trois F » (en anglais, 3Cs), qui sont les trois situations dans lesquels des clusters peuvent se former facilement, (Trois F = endroits Fermés, lieu où il y a Foule, et où on parle Fort et de Fort près). Je pense que tout le monde le sait déjà.
Il est de nouveau nécessaire de rappeler que si l’endroit ne réunit que deux F ou un F, il n’y a pas forcément de risque de cluster, mais il y a un risque d’infection.
Vaccination
Cette fois, nous avons reçu des explications concernant les vaccinations. Jusqu’à présent, le vaccin avait la capacité de prévenir la déclaration de la maladie. Selon les études menées jusqu’à présent, nous savons maintenant qu’ils permettent aussi d’empêcher l’aggravation des symptômes et qu’ils sont efficaces pour prévenir les infections.
Les vaccinations des personnes âgées ont commencé, et il est nécessaire de travailler avec les gouvernements locaux pour vacciner au plus tôt et de manière efficace le plus de personnes possible.
Questions de la presse
Q : J’ai trois questions. Une question sur le futur de la situation infectieuse, l’autre, à quel moment implémenter les mesures pour les régions qui n’ont pas mis en place de mesures de déclaration de l’état d’urgence ou de mesures prioritaires telles qu’à Hokkaido et Fukuoka. La troisième question concerne la gestion des mesures aux frontières en liaison avec le variant d’Inde.
Quelle évolution de la situation infectieuse ?
Pour les régions pour lesquelles il y a une déclaration de l’état d’urgence on regarde les niveaux de nombre de cas, le nombre de cas graves, les flux de personnes et la situation du système médical relative à la situation infectieuse. Ensuite, chaque région a exprimé une volonté de prolonger les mesures. On peut donc considérer que le prolongement de l’état d’urgence au delà du 11 mai est nécessaire. Si jamais on doit prolonger les mesures, afin d’obtenir des résultats suffisants, il faut se demander combien de temps on a besoin.
Comme je l’ai expliqué en introduction, le système de fourniture de soins médicaux et le système de santé publique sont dans une situation particulièrement difficile. Nous avons ces informations pour Tokyo comme pour Osaka.
Des simulations sur le futur montrent que cette situation va continuer à être difficile encore quelque temps.
Prolonger les mesures d’environ 3 semaines
Le Conseil consultatif se réunit au moment opportun pour analyser ce genre de situations. Si on nous demande combien de temps, il est évident qu’il faut attendre au moins 2 semaines pour voir les résultats des mesures implémentées aujourd’hui. Pour pouvoir évaluer la qualité des progrès, il faut compter une semaine de plus. Donc, s’il faut appliquer de nouvelles mesures, il faut compter environ 3 semaines.
Quand appliquer les mesures prioritaires, etc.
Pour la deuxième question, Fukuoka et Hokkaido ont une croissance très importante du nombre de cas. Les préfectures d’Ibaraki, Tokushima, etc. ont demandé les mesures prioritaires.
La question est de savoir à quel moment appliquer ces mesures. Jusqu’à présent, on considère qu’il est nécessaire de passer aux mesures prioritaires quand le niveau infectieux passe au stade 3. S’il passe au stade 4, on considère qu’il faut une déclaration de l’état d’urgence. Il s’agit de quelque chose que le Comité des experts recommande également.
En fait, on a pu voir des résultats suffisants dans le cas de mesures prioritaires, par exemple dans les préfectures de Miyagi et d’Okinawa. Dans les grandes zones urbaines, on trouve des souches mutantes, et cela ne permet pas d’identifier de véritables effets positifs. Dans ce sens, bien qu’on raisonnait en termes de stade 3 ou 4 jusqu’à présent, il faudra probablement frapper plutôt rapidement. Face à la question « quand dans ce cas ? », il convient de se baser sur les expériences de Tokyo et Osaka et étudier les conditions nécessaires.
Les mesures actuelles aux frontières et leurs résultats
La troisième question concerne les mesures aux frontières devant les inquiétudes liées au variant indien, par rapport au variant britannique. Dans le cas de la souche britannique, depuis le 26 décembre 2020, l’État a renforcé les mesures aux frontières vis-à-vis des pays qui ont des cas de variant britannique. Depuis, on a pu enrayer relativement bien les infections par cette souche en provenance de l’étranger. Aujourd’hui, nous nous sommes donc demandés comment faire pour le nouveau variant indien.
Depuis le 1ᵉʳ mai, les mesures aux frontières ont été renforcées vis-à-vis de l’Inde. Les personnes qui en viennent ou reviennent ont besoin de passer trois jours dans les installations de quarantaine et le troisième jour, elles sont soumises à un test de dépistage.
Faut-il renforcer les mesures aux frontières pour la souche indienne ?
Néanmoins, la question est de savoir si 3 jours suffisent ou pas. Il y a déjà des examens et ces trois jours, et bien entendu, il reste toujours un risque d’introduire le virus dans le pays. Si on se base sur les données obtenues jusqu’à présent, et si on se demande si cela permet d’empêcher complètement l’introduction du virus dans le pays, en fait, cela n’est pas le cas.
Il pourrait être utile d’isoler les gens pendant 2 semaines. Il est vrai que les établissements d’hébergement peuvent surveiller l’état de santé des gens. Néanmoins, on devrait pouvoir réduire considérablement plus les risques si on laissait ces personnes dans les installations de la quarantaine. Une autre solution est de limiter encore plus le nombre de personnes qui entrent dans le pays. Cela limitera le risque. Pour le moment, la question est de savoir quel est le niveau de risque avec ce variant. Nous n’avons pas encore assez d’informations.
Pour le moment, il ne s’agit pas de VOC (Variant of Concern) mais de VOI (Variant of Interest). Il ne s’agit pas d’une évaluation unique au Japon, et le reste du monde considère cette souche mutante « VOI ». En revanche, chaque pays met en place des mesures pour restreindre les entrées en provenance de l’Inde, et renforcent leurs mesures aux frontières. Il est naturel de penser qu’il faut renforcer les mesures pour empêcher l’entrée dans le pays de la souche indienne.