2022-04-08 Premier ministre (conférence télévisée) sur les sanctions envers la Russie
Lors de sa conférence de presse, le 8 mars 2022, le Premier ministre japonais annonçait la décision de sortir le Japon de la dépendance du charbon en provenance de la Russie. À cette occasion, il expliquait présentait également les autres mesures concernant la situation en Ukraine :
- Ce que signifie sortir de la dépendance du charbon.
- L’expulsion de diplomates et représentants du gouvernement russe,
- Comment gérer l’accueil des « déplacés » d’Ukraine. (Note : le Japon parle de « déplacés » ou d' »évacués » et non pas de « réfugiés ». La gestion d’un point de vue légal est différente. Infos Locales au Japon utilise donc les mêmes termes pour éviter la confusion.)
- etc.
Pendant les questions de la presse, le Premier ministre répondait également sur la question de l’ouverture du Japon au tourisme.
Discours du Premier ministre
Aujourd’hui, je me concentrerai sur les nouvelles sanctions prises par notre pays contre l’agression russe en Ukraine.
Crimes de guerre et la Cour Pénale Internationale
Les actes brutaux et inhumains commis par la Russie sont révélés les uns après les autres, non seulement à Bucha, dans la banlieue de Kiev, mais encore dans chaque région d’Ukraine. Jusqu’à présent, la Russie a commis à plusieurs reprises de graves violations du droit humanitaire international, notamment des meurtres de civils et des attaques contre des centrales nucléaires. Il s’agit de crimes de guerre impardonnables. Les responsables de ces atrocités commises par la Russie doivent être tenus strictement responsables. Dans cette perspective, notre pays soutient une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) et une enquête indépendante de l’ONU. Nous soutiendrons l’enquête menée par les procureurs de la CPI sur les crimes de guerre, notamment en avançant le paiement des cotisations de notre pays à la CPI.
La décision des dirigeants du G7
Hier soir, les dirigeants du G7 ont publié une déclaration condamnant dans les termes les plus forts les atrocités commises par les forces russes, exprimant leur solidarité avec l’Ukraine et affirmant l’engagement du G7 à adopter des sanctions supplémentaires contre la Russie. Conformément à la déclaration ci-dessous publiée par les chefs d’État du G7, le Japon intensifie encore la pression diplomatique et économique sur la Russie, par des sanctions additionnelles autour de 5 axes.
Le Japon se joindra à la communauté internationale et imposera des sanctions fortes pour mettre fin à l’escalade, obtenir un cessez-le-feu dès que possible et mettre fin à l’agression.
Les 5 nouvelles sanctions imposées par le Japon
En premier lieu, le Japon interdira l’importation de charbon en provenance de la Russie. Nous sécuriserons des solutions de remplacement au plus tôt, mais en cessant les importations progressivement, nous réduirons la dépendance du Japon à l’égard de la Russie en matière d’énergie. Afin d’éviter des tensions concernant l’offre et la demande d’électricité en été et en hiver, nous maximiserons l’utilisation d’énergies sûres et efficaces pour la décarbonisation, telles que les énergies renouvelables, de l’énergie nucléaire, etc.
En second lieu, nous introduisons des mesures d’interdiction des importations en provenance de la Russie. À compter de la semaine prochaine, nous introduirons des mesures d’interdiction de l’importation de produits en provenance de la Russie, tels que des machines, certains bois et de la vodka.
Troisièmement, nous introduirons des mesures interdisant de nouveaux investissements en Russie. Nous travaillerons avec le G7 pour introduire ces mesures dès que possible.
Quatrièmement, nous renforçons de nouveau les sanctions financières. Nous gèlerons les actifs des plus grandes banques russes, Sberbank et Alfa Bank.
Cinquièmement, nous élargissons l’application du gel des avoirs. Près de 400 militaires et parlementaires russes, ainsi qu’une vingtaine d’entités liées à l’armée, y compris des entreprises étatiques feront l’objet des nouvelles sanctions. Cela portera le nombre total de personnes et entités soumises à des sanctions de gel des avoirs à 550 particuliers et 40 entités.
L’aide humanitaire du Japon
Ensuite, je souhaite faire deux remarques concernant le soutien du peuple ukrainien et des résidents japonais qui se trouvent en Ukraine.
Le premier point concerne la contribution humanitaire aux pays limitrophes à l’Ukraine. Nous avons déjà envoyé en Moldavie une mission d’évaluation des besoins de la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale). Celle-ci évaluera les besoins en matière de soins de santé, et contribuera, par exemple, à la gestion des données médicales sur le terrain, en collaboration avec l’OMS (Organisation mondiale de la Santé). En outre, cette semaine, nous avons également envoyé une équipe d’enquête gouvernementale pour une opération de maintien de la paix (PKO). En fonction des besoins sur le terrain, nous concrétiserons rapidement notre contribution à d’autres actions humanitaires.
La deuxième remarque concerne l’accueil des déplacés ukrainiens et de l’aide aux ressortissants japonais en Ukraine. Comme je l’avais déjà expliqué hier, afin de faciliter le voyage vers notre pays des évacués ukrainiens à l’avenir, le gouvernement a pour le moment loué des places sur des vols directs hebdomadaires au départ de la Pologne. Le premier de ces vols partira pour le Japon dans le courant de la journée. Les résidents japonais en Ukraine qui éprouvent des difficultés pour sécuriser les moyens de leur retour au Japon pourront également utiliser ces vols.
Gérer la flambée des prix
L’agression de la Russie en Ukraine a provoqué une flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Ce sont non seulement les habitants de notre pays, mais encore ceux du monde entier qui souffrent de l’envolée des prix de l’essence, de l’électricité et des denrées alimentaires, etc. Afin de stabiliser le marché de l’énergie, comme je l’ai annoncé hier, le Japon a décidé, en coopération avec les États membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de libérer 15 millions de barils de ses stocks, soit 1,5 fois le quota de l’AIE. C’est la première fois que le Japon libère ses réserves nationales. Nous continuerons à étudier en profondeur ce que le Japon peut faire.
Ensuite, d’ici à la mi-avril, le gouvernement élaborera des mesures d’urgences compréhensives de lutte contre la flambée des prix du pétrole brut et du coût de la vie, afin de gérer au plus tôt et avec flexibilité les conséquences de ces augmentations sur la vie de la population. Afin protéger les moyens de subsistance de tous nos concitoyens, nous implémenterons rapidement le plus de mesures possibles, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Le moment est critique pour mettre fin à cette agression immorale et pour maintenir la paix et l’ordre. Nous demandons donc la compréhension et la coopération du public.
Agir pour la paix et refuser la violence
L’autre jour, le Président Zelenskyy s’est exprimé devant la Diète japonaise (parlement japonais). À cette occasion, il a déclaré que le Japon était le premier pays d’Asie à avoir exercé une pression sur la Russie et a demandé que les sanctions continuent. Il nous a aussi demandé de nous efforcer d’amener la Russie à rechercher la Paix. Le Président nous a adressé ses sincères remerciements. Le Japon est fermement décidé à répondre à son appel.
Que ce soit en coopération avec le G7, que ce soit communauté internationale, ou que ce soit le Japon, il n’est pas question de tolérer les actes scandaleux de la Russie. Et, nous montrerons combien le Japon est avec l’Ukraine par des actions décisives et son soutien proche du peuple ukrainien. Merci.
Questions de la presse
Sortir de la dépendance du gaz et du pétrole russes
Bonjour, Monsieur le Premier Ministre, en ce qui concerne les sanctions supplémentaires, vous avez déclaré précédemment que le gouvernement japonais interdirait les importations de charbon russe et réduirait sa dépendance à l’égard de la Russie dans le secteur énergétique. Le ministre allemand des Affaires étrangères, dont le pays est très dépendant de la Russie en matière d’énergie, a également déclaré qu’il conviendrait non seulement de sortir de la dépendance à l’égard de la Russie pour le charbon, mais encore pour le pétrole brut et le gaz naturel. Le gouvernement japonais envisage-t-il aussi d’interdire les importations ou de réduire les importations de pétrole brut et de gaz naturel. Monsieur le Premier Ministre, que pensez-vous de ces possibilités ?
Tout d’abord, fondamentalement, le Japon va implémenter ses solutions tout en mettant l’accent sur la coopération avec les pays du G7. Dans le cadre de cette déclaration des dirigeants du G7, que j’ai mentionnée dans mes remarques précédentes, nous avons clairement indiqué que nous planifions et implémenterions rapidement des solutions pour réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, et que cela passait par une interdiction d’importer du charbon et une accélération des efforts pour réduire notre dépendance en matière de pétrole russe. Notre pays est déterminé à poursuivre cette stratégie de base. Par conséquent, le Japon prendra également des mesures pour imposer un embargo sur le charbon et réduire sa dépendance énergétique globale à l’égard de la Russie, y compris le pétrole.
Quant aux mesures supplémentaires à prendre à l’avenir, je m’abstiens pour l’instant de toute déclaration pouvant porter un préjudice. Néanmoins, je prévois de continuer à prendre les mesures appropriées en coopération avec la communauté internationale, en tenant compte de la stratégie du G7.
Sur la réaction de la Russie face aux sanctions
Bonjour. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mme Zakharova, a déclaré que les sanctions du Japon à l’encontre de la Russie détruisaient les relations établies de longue date entre ces deux pays et que la Russie adopterait des mesures de rétorsion. Monsieur le Premier Ministre, comment entendez-vous répondre à une telle position russe ?
Je pense qu’il n’est pas approprié pour moi de commenter chaque déclaration faite du côté russe. Néanmoins, nous sommes conscients qu’en agressant l’Ukraine, la Russie porte seule la responsabilité de cette situation. Quand, en dépit de cette réalité, la Russie essaie de rejeter la responsabilité sur le Japon, il s’agit d’un acte extrêmement injustifié et nous le considérons totalement inacceptable.
Comme je viens de l’énoncer précédemment, le Japon continuera à travailler en étroite collaboration avec la communauté internationale, y compris le G7, afin de répondre résolument à la situation et d’apporter une aide humanitaire consistante.
Sur l’expulsion de diplomates russes
Le ministère des Affaires étrangères vient d’annoncer l’expulsion de huit diplomates russes. Pouvez-vous nous expliquer sur quels critères vous avez pris cette décision ?
Comme le ministère des Affaires étrangères vient de l’annoncer, huit diplomates et personnel de la représentation commerciale de l’ambassade de Russie au Japon ont été priés de quitter le pays. Notre pays a pris une décision globale sur cette question et leur a notifié que nous leur demanderions de quitter le pays. Ces mesures sont également prises en raison de la situation actuelle en Ukraine.
Nous nous abstenons de donner plus de détails, comme c’est le cas dans tous les pays.
Les ressortissants japonais en Russie sont-ils en sécurité ?
Bonjour. Ma question est liée à la précédente. La Russie a déjà annoncé qu’elle réfléchissait déjà à des contre-mesures. Comment comptez-vous gérer l’impact sur la protection des ressortissants japonais ?
Je sais que le gouvernement russe a annoncé qu’il adopterait des contre-mesures. En revanche, nous en sommes encore au stade d’une déclaration claire des mesures précises, et je préfère donc m’abstenir d’en parler.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement japonais continuera à faire tout ce qu’il faut pour protéger ses ressortissants et les activités des entreprises japonaises.
Merci.
Sur la présence dans le détroit de Taïwan
Ma question porte sur l’environnement sécuritaire du Japon. Monsieur le Premier Ministre, face à l’agression de la Russie en Ukraine, pensez-vous que les tensions contre la Russie ont augmenté dans la région ? Je m’explique. La guerre en Ukraine ne concerne pas seulement l’Europe, puisque la Russie est aussi un pays qui borde le Pacifique. En outre, le Japon a un différend territorial avec la Russie au sujet de quatre îles du nord. À son tour, je souhaite savoir si vous percevez une augmentation de la menace en ce qui concerne la Russie.
Ensuite, j’ai une autre question. Monsieur le Premier Ministre, vous venez de déclarer que nous arrivions à une période cruciale pour la paix et l’ordre. Dans ce cas, pour qu’il montre qu’il renforce l’implémentation des normes des lois internationales, le Japon ne devrait-il pas faire patrouiller sa flotte de la force d’autodéfense maritime dans le détroit de Taïwan ?
En effet, lorsque j’ai récemment interviewé le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, Commandant supérieur des forces armées de la zone maritime du Pacifique de la marine française, il m’a dit que le passage par le détroit de Taïwan ne posait pas de problème au regard du droit international, et qu’elle emprunterait ce passage autant que nécessaire. En revanche, selon une interview du chef d’état-major des forces de défense maritime hier, le Japon ne considèrerait pas encore d’envoyer un tel message politique. Monsieur le Premier Ministre, à l’avenir, le Japon ne pourrait-il pas envisager de signifier politiquement par une patrouille dans le détroit de Taïwan, qu’en tant que nation, il est déterminé à faire respecter le droit international ? Merci.
Sur la sécurité autour du Japon
Tout d’abord, nous reconnaissons que cette agression de l’Ukraine par la Russie a généré cette situation, ce qui constitue un acte qui ébranle les fondements mêmes de l’ordre international. Et, dans cette situation, l’activité militaire russe augmente également autour de notre pays. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un sujet de préoccupation. Nous devons continuer à suivre avec attention ces activités. Le gouvernement japonais continuera à rassembler les informations, surveiller de près et faire ce qu’il peut en relation avec les activités et orientations de l’armée russe à proximité de notre pays.
Ensuite, notre politique de défense nationale, et le développement de notre capacité de défense ne visent aucun pays ou région en particulier. Néanmoins, selon ce qui se passe, nous reconnaissons qu’il est important d’envisager toutes les options de manière réaliste, sans en exclure aucune, quand il s’agira, entre autres, une nouvelle stratégie de sécurité nationale à l’avenir, et de renforcer rapidement et fondamentalement notre capacité de défense.
En ce qui concerne la deuxième partie de votre question concernant les activités spécifiques que vous avez mentionnées, nous n’avons pas d’opinion pour le moment, et rien n’est prévu dans ce sens.
Quand les touristes pourront-ils entrer au Japon ?
Bonjour. Ma question est un peu éloignée de ce qui se passe en Ukraine et porte sur les mesures aux frontières. En mars, le gouvernement japonais a modifié ses mesures aux frontières et accepte l’entrée de nouveaux détenteurs de visas, y compris pour un séjour professionnel, lorsqu’ils remplissent certaines conditions. En revanche, ce plan n’inclut pas les fins touristiques. Quand prévoyez-vous d’assouplir les entrées à des fins touristiques ? Merci.
Pour répondre à votre question sur les mesures aux frontières, je souhaite rappeler tout d’abord que quand nous avions décidé d’autoriser les étrangers à entrer dans le pays à compter du 1er mars, et ainsi que vous le pointez, nous avions clairement indiqué que nous avions l’intention d’élargir le droit d’entrée à tous les étrangers, à l’exclusion des touristes. Ensuite, nous venons récemment d’élargir ce cadre en augmentant les quotas pour permettre 10 000 entrées par jour. Dans ce contexte, votre question porte sur les touristes, il me semble.
Pour ce qui est des touristes, à l’avenir, nous devrons prendre une décision appropriée en tenant compte de la situation infectieuse, de ce qui se passe dans les autres pays, et d’autres facteurs similaires. Ensuite, nous n’avons pas défini de calendrier précis à vous donner, mais nous prendrons une décision dans le contexte des mesures globales relatives aux frontières que je viens de mentionner, en tenant compte de ce qui se passera à l’avenir.
Si la situation devait durer, comment gérer les évacués ukrainiens ?
Bonjour. Monsieur le Premier Ministre, il s’agit d’un point que vous avez mentionné dans votre discours. Ma question porte sur l’aide aux évacués d’Ukraine. Les autorités locales de tout le pays travaillent déjà sur des moyens concrets d’aider les personnes évacuées, par exemple, en termes de logement, de conditions de vie et de questions linguistiques. Néanmoins, dans ce contexte, si leur évacuation devait se prolonger, et si leur nombre devait augmenter progressivement, je suppose que cela pourrait peser lourd sur les gouvernements locaux. Comment le gouvernement se positionnera-t-il vis-à-vis des gouvernements locaux et quel plan d’aides prévoit-il d’implémenter ?
Tout d’abord, il est très encourageant que de nombreuses autorités locales, entreprises privées, et d’autres personnes impliquées aient exprimé leur volonté de soutenir l’accueil des réfugiés ukrainiens. Ensuite, nous souhaitons aussi faciliter l’accueil de ces déplacés en coopérant avec toutes ces personnes. Par contre, nous avons d’abord besoin de clarifier ce dont ont besoin chacun de ces évacués pour définir le soutien que nous pouvons leur apporter. C’est dans cette perspective que nous identifions les différentes aides.
Ensuite, pour répondre à la partie de votre question sur les aides aux gouvernements locaux, il s’agira d’un défi à traiter à l’avenir par le Conseil de coordination sous l’autorité du Secrétaire en Chef du Cabinet. C’est dans cet ordre que nous préparons des mesures pour soutenir la vie au Japon de ces évacués. Merci.
Sur les risques liés à l’expulsion des diplomates russes, etc.
Bonjour. Je reviens sur l’expulsion des diplomates dont vous parliez tout à l’heure. Cela ne va-t-il pas conduire à fermer le dialogue sur les négociations telles que sur le sujet de la pêche ?
Tout à l’heure, il était question de l’expulsion de diplomates, et j’en ai parlé. Il me semble que votre question concerne la conséquence de cette décision. On peut supposer que la Russie va réagir sur ce point de diverses manières. Néanmoins, comme je viens de l’expliquer, nous n’avons rien de concret sur la façon dont elle gérera cela. Par conséquent, à ce stade, je dois m’abstenir de faire des déclarations basées sur des hypothèses. Tout d’abord, nous pensons qu’il est important de clarifier la réponse du Japon et de s’assurer que les pays concernés et le peuple japonais la comprennent bien.
À propos de l’annonce du Président Poutine de participer au G20
Dans un contexte d’agression de l’Ukraine, les États-Unis ont annoncé qu’ils ne participeraient pas aux diverses réunions du G20 (Sommet des Chefs d’États sur la Finance et l’économie mondiale) si la Russie y participait. Sur ce point, pourriez-vous nous révéler ce que fera le Japon ?
Ensuite, le Président Poutine a annoncé son intention de se rendre au sommet des chefs d’État du G20 en novembre. Pouvez-vous nous donner votre avis sur son intention de participer ?
Tout d’abord, en ce qui concerne le G20, la communauté internationale est bien consciente que depuis l’agression de l’Ukraine par la Russie, elle ne peut plus poursuivre les mêmes relations avec la Russie. Lors du récent sommet du G7, nous avons aussi convenu que les organisations internationales et les forums multilatéraux ne devaient plus fonctionner avec la Russie comme ils le faisaient par le passé.
En partant sur ces bases, pour ce qui concerne la réponse du G20 et la participation de la Russie, il me semble que ce sont les membres du G20 qui doivent d’abord en débattre, y compris avec l’Indonésie, qui en assure la présidence. Ces débats auront lieu selon la situation future et nous y répondrons de manière appropriée. En attendant, je m’abstiens de tout commentaire qui pourrait porter préjudice à la situation. Merci.
Changer la loi pour accueillir d’autres évacués à l’avenir
Suite à la récente agression russe contre l’Ukraine, le Japon a activement accepté des personnes déplacées en provenance d’Ukraine. En revanche, le gouvernement s’était montré extrêmement réticent à accepter les réfugiés de Syrie, d’Afghanistan et de Birmanie, lorsqu’ils étaient persécutés de la même manière, lorsque leur vie était menacée ou lorsqu’ils étaient impliqués dans des conflits. La question humanitaire étant la même, n’aurait-elle pas dû être traitée de la même façon ? Aussi, j’aimerais demander si, à l’avenir, le Japon envisage de fournir une protection et une assistance plus généreuses aux personnes déplacées (etc.) venant d’un autre pays que l’Ukraine.
Monsieur le Premier Ministre, je souhaiterais également savoir si vous avez l’intention de systématiser le soutien aux réfugiés qui ne relèvent pas de la Convention sur les réfugiés en modifiant à l’avenir la loi sur le contrôle de l’immigration et la reconnaissance des réfugiés.
Tout d’abord, sur la question des déplacés ukrainiens, comme je l’ai indiqué précédemment, notre pays se doit également d’agir d’un point de vue strictement humanitaire, et il gère cela par des mesures variées.
Il me semble que votre question est de savoir si nous pensons généraliser cette gestion aux réfugiés, etc. Tout d’abord, nous voudrions envisager des mesures spécifiques pour traiter cette question lors de la réunion de coordination afin de répondre de manière appropriée tout en tenant compte des besoins locaux et d’autres facteurs. Cependant, quant à savoir s’il faut élargir la discussion à un niveau plus général, c’est un sujet qui porte sur la réponse du Japon aux réfugiés et son approche de base. Par conséquent, le gouvernement devra aborder ces questions à nouveau dans un cadre officiel, en tenant compte des discussions à la Diète, etc. Pour le moment, nous ne pensons pas à changer ce point dans l’immédiat. Nous continuons à reconnaître qu’il s’agit d’une question importante que le gouvernement devrait examiner, en tenant compte de la situation internationale, pour savoir ce qu’il convient de faire à l’avenir. Merci.
Comment le Japon gérera-t-il la situation si la Chine soutenait la Russie en lui envoyant du matériel militaire ?
Bonjour. Ma question concerne la Chine. Alors que le G7 renforce les sanctions à l’encontre de la Russie, certains craignent que la Chine ne soutienne la Russie ou ne devienne une faille dans les sanctions. Comment le Japon peut-il encourager la Chine à suivre la même politique ? Ensuite, si la Chine en venait à soutenir la Russie en lui fournissant du matériel militaire, le Japon envisagerait-il des sanctions contre ce pays ? Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous nous dire ce que vous pensez ?
Tout d’abord, lors de la déclaration des chefs d’État du G7 publiée hier, il a été convenu de renforcer les mesures afin d’empêcher une évasion, un contournement et des violations aux sanctions par des recours. Ensuite, le gouvernement japonais a déjà soumis à la Diète en session actuellement un projet de loi visant à modifier la loi sur les changes et le commerce extérieur pour répondre spécifiquement à l’utilisation de cryptoactifs par la Russie dans le but d’échapper aux sanctions et pour renforcer encore l’efficacité des sanctions.
Par ailleurs, la Chine et la Russie ont entretenu des relations particulièrement étroites ces dernières années. Notre pays a jusqu’à présent appelé la Chine à agir de manière responsable à différents niveaux, et nous continuerons à réagir en coopération avec le G7 et d’autres pays concernés. Afin qu’il n’y ait pas de moyen d’éviter les sanctions, notre pays travaillera en étroite coopération avec la communauté internationale, y compris le G7, et réagira de manière appropriée pour renforcer la pression diplomatique et économique sur la Russie. C’est la politique qu’il suivra.
Pour ce qui est de savoir si nous imposerons des sanctions à la Chine, il s’agit d’hypothèse, et je m’abstiendrai de répondre à cette question.
Combien de temps faut-il pour commencer l’embargo concernant le charbon ?
Vous avez mentionné l’élimination progressive des importations de charbon en provenance de Russie. Toutefois, le Japon importe une quantité considérable de charbon depuis la Russie. Par conséquent, quand vous parlez d’étape par étape, combien de temps cela va-t-il prendre ?
Nous utilisons le charbon produit en Russie dans divers secteurs, qui seront touchés par l’embargo. Le charbon n’est pas seulement utilisé pour produire de l’électricité. Des secteurs variés, dont ceux du ciment et de l’acier l’utilisent. Puisque c’est le cas, nous avons besoin de tenir compte de la situation de chacun de ces secteurs.
De là, nous cherchons à trouver des mesures alternatives dans chacun de ces domaines pour parvenir à une interdiction d’importation. Sur le temps que cela va prendre, comme je viens de le dire, il me semble que nous devons envisager un délai approprié à la situation de chacun de ces domaines, tout en tenant compte de la confirmation des mesures alternatives, etc. Plus précisément, je m’abstiendrai de donner un intervalle de temps précis et uniforme pour le moment. Nous pensons vraiment gérer de manière appropriée chaque domaine d’activité et chaque secteur, jusqu’à ce que nous puissions finalement implémenter cet embargo.
Merci.
Source : 岸田内閣総理大臣記者会見-令和4年4月8日|政府インターネットテレビ (gov-online.go.jp)
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